14 JUILLET 1980

SPORT TRAVAIL FANTAISIE .

Il était une fois une charmante cité de Vivarais lovée au confluent de 4 rivières pures et claires, au croisement d'une multitude de routes et chemins lui amenant prospérité et multiculturalisme, nous étions alors encore dans un autre siècle, presque un autre monde.
Les habitants, indigènes pour la plupart, vivaient pleinement leurs harmonies et savouraient délicieusement les produits de leurs terroirs, cette cité radieuse savait honorer ses croyances et respecter les rites ancestraux, bref vous l'avez compris nous étions tous gâteux de bonheur.

Bien sur les avancées technologiques de l'époque permettaient à tout un chacun de regarder « à la télé » et de s'informer de l'agitation psychologique intense qui animait le paysage politique national : les tenants du bonheur de l'époque admiratifs des trente glorieuses ne juraient que par l'acquis, les tenants d'un bonheur à venir ne vivaient que dans l'espoir d'acquis encore plus glorieux, en résumé la droite giscardienne gouvernait et la gauche mitterrandienne s'agitait.
Localement la cité en avance d'un temps politique était aux mains d'une coalition « gauche » emmené par la FGDS-SFIO sous la surveillance rapprochée et critique de la CFDT, le tout fédéré au sein la section locale du PS et la vie s écoulait paisiblement dans la vallée.
L'emploi et son corollaire le chômage n'étaient pas encore des problématiques inquiétantes.

C'est dans cette ambiance que la rumeur d'une visite surprise des ténors de la politique nationale se profilait pour le14 juillet ; fête nationale, mais aussi et surtout fête locale traditionnelle pour les citoyens Lamastrois épris de la Res Publica.

Ce 14 juillet devait se dérouler comme d'habitude au son des flonflons de l'inusable Fanfare avec son défilé, ses discours, ses apéros, et surtout ses jeux l'après midi. Toutes les associations étaient partie prenante de l?animation et le point phare de la journée était le jeu du baquet et ses déguisements allégoriques.

Et cette année la surprise, bien avant le bébête show et les guignols de l'info, allait consister en un débarquement de toute « la bande des Quatre » et de ses satellites : voitures décapotables, motards, gardes du corps ; enfin bref en une après midi Lamastre allait devenir le centre du Monde Politique.

Mais assez de discours la suite en images...

L'arrivée des acolytes vers 16 heures avec en tête  : Giscard et son pote Bokassa, (grand donateur de diams et autres gâteries politiques ), voiture décapotable blanche, motards et gendarmes sur la brèche, épouses radieuses

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Ensuite une voiture passe partout véhiculant un duo de choc avec Chichi et Tonton Mimi, les Lamastrois pouvant anticiper avec quelques années d'avance une vision de la cohabitation, sous l'oeil amusé et condescendant du Président américain à la bush rieuse.

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L'affreux Jojo de l'époque, un peu à la bourre sur son véhicule de fonction essayait tant bien que mal de coller au peloton

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Le bain de foule était obligé et rapidement nos ténors décident de se mélanger à la population enthousiaste.

Quel bonheur !! La politique ne se faisait pas dans la rue, c'était les politiques qui étaient à la rue.

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En parlant de bain de foule, il s'agissait à l'époque d'un vrai bain par " jeu du baquet " ; les politiques étaient prêts à se tremper  ; nos dirigeants favoris dont le carrosse poussé par une autre équipe constituée de fondateurs de la république grecque tout de blanc vêtus tentait, comme c'était la coutume, de pénétrer le système sans trop se mouiller, tout un art, et là déjà Mimi Tonton très en verve faisait une brillante démonstration de sagacité et d'entrisme, il fallait là un peu de pot et beaucoup de science.

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Le moment d'égarement,

Porté par l'extraordinaire ambiance, la chaleur de la foule et l'adhésion complète des spectateurs une rencontre inédite et spontanée allait se nouer sur la place devant le temple de la réforme : le premier magistrat de la ville de l'époque saluant sa manière cette démonstration haute en couleurs tombe dans les bras du Président du jour, s'affiche à grands renforts de sourire avec ce Chef de l'Etat dont la photo n'était même pas accrochée dans son bureau de Maire à l'hôtel de ville de Lamastre, en quelques instant nos deux protagonistes ont une révélation ils allaient fonder un nouveau parti porteur d'espérance pour les décennies à venir : son sigle " S T F , sport , travail , fantaisie " , ils s'affichent d'emblée devant le siège de ce nouveau courant de pensée

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la foule conquise et hilare apprécie cette scène d'égarement à sa juste valeur faite d'humour et d'amour.

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Le spectacle continue dans l'euphorie générale au son des Fanfarons " exécutant " une fois encore la Marseillaise ; puis comme c'est la tradition le jury du concours délibère et distribue ses trophées,

Les acteurs de cette après midi hautement symbolique s'installent en terrasse de chez " Barratero " pour arroser cette belle prestation, le patron Bernard Perrier qui n'avait jamais autant reçu de célébrités d'un coup depuis longtemps les accueille comme au bon vieux temps de Rose Barattero recevant le Grand Charles.

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Il y avait dans cette journée tous les ingrédients de la politique nationale des années suivantes : la cohabitation, le largage du P C, la création de nouveaux partis opportunistes pour finir par l'entente de certains des protagonistes autour et dessous la table avec un pot de vin bien mérité.

Du point de vue local ce moment de défoulement, bien qu'ayant été applaudi à l'instant par tous les citoyens présents, n'a pas été suivi d'effets électoraux bénéfiques pour deux des acteurs autochtones impliqués dans cet égarement et cette " mascarade " spontanée, le S T F n'avait fait vibrer qu'un moment, ses fondateurs s'habilleront facilement à proximité du siège du parti.

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Les politiques purs et durs un peu absents de ces ébats trop populaires ont pensé simplement que cette démonstration n?était pour la droite bien mal pensante que populisme démagogique et pour la gauche maladroite une preuve formelle de déviationnisme.

Le sigle et le slogan n'étaient probablement pas assez porteur d'avenir, il y avait même dans le mot travail des relents de partis révolus ?

Les deux courants de pensées traditionalistes se rejoindront pourtant sur le plan local pour écrire l'histoire de la cité lors des scrutins suivants ?

Il faut reconnaître que si à l'aube du siècle suivant le sport est toujours présent , et c'est heureux ,dans notre cité, le travail y devient comme ailleurs plus problématique quant à la fantaisie on attend qu'elle s'extériorise de façon " officielle ".

S'il fallait une Moralité au conte :

On pourrait dire "  On peut et on doit rire de tout, mais pas avec n'importe qui. "

 

Racontage et délire : R Bouit

Crédit Photos : Raymond Bouit, Christian Jourdan, Gabriel Garde.

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existés ne serait qu'incidence fortuite

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