C ' EST UNE VILLE

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DEMOGRAPHIE

En un siècle , la population de Lamastre (toute la commune) a presque doublé passant de 2090 habitants en 1801 à 3 760 en 1901 (pour retomber à 2 700 aujourd'hui) .

Lorsque nous comparons un plan de Lamastre en 1900 avec le cadastre de 1835 , nous retrouvons ce que nous avons déjà relevé : les constructions nouvelles ont été édifiées Place de la république , Place Montgolfier , rue Olivier de Serres et en partie rue Chalamet . Dans la Plaine : Rien . Comment les habitants de Lamastre vivaient-ils alors et se logeaient-ils ? Nombreux encore demeuraient à la campagne où ils avaient du travail . Lamastre n'est encore en réalité qu'un gros village dont pratiquement tous les habitants , commerçants , artisans , ou maraîchers vivent essentiellement des marchés et disposent de deux pièces seulement pour se loger.

L'EAU

La population augmente , les besoins en eau de chacun augmentent , les sources de Peycheylard ne donnent plus grand-chose , "la pompe installée au bas de la place est sur le point de ne pouvoir servir". Chacun y va de sa solution . Capter les sources de Beurre au-dessus d'Urbilhac : insuffisantes . Construire une réservoir en haut d'Odon et y refouler la nuit l'eau du canal qui fait tourner l'usine Reyne et la scierie Descours . Confier la distribution à une société privée ...§

Le 11 décembre 1898 , ce n'est plus le moment de délibérer . "L'épidémie de fièvre typhoïde a frappé durement certains quartiers . La municipalité a mis hors d'usage les pompes communales du bas de la Place et celle du pont du Doux dont les eaux étaient contaminées ."

Le 22 février 1899 , achat sur le montagne du Puy , au-dessus de Montmagnon de tout le domaine de Goutteneyre où coulent des sources abondantes . Les droits de passage sont acquis , les travaux financés et réalisés . Le 21 février 1901 , l'eau abondante et pure coule aux nombreuses fontaines installées dans toutes les rues . Une révolution dont nous ne pouvons pas aujourd'hui imaginer l'importance .

LE MONUMENT SEIGNOBOS

C'est alors que les lamastrois entreprennent d'exprimer leur reconnaissance à Charles Seignobos , ancien député , conseiller général et père de Raymond Seignobos , leur maire . Ils décident donc d'ériger sur la place une fontaine monumentale qui sera construite sans aucun crédit municipal . Au contraire , il va falloir acheter à la commune l'emplacement sur lequel va s'élever ce monument que tous les lamastrois connaissent . Pour l'essentiel , un bassin circulaire au centre duquel se dresse un piédestal doté de quatre gargouilles d'où jaillissent généreusement l'incomparable eau de Goutteneyre .Au-dessus quatre panneaux rectangulaires surmontés du buste en bronze de Charles seignobos . Sur les panneaux on pouvait lire : "A Charles Seignobos (1822-1892) Conseiller général (1849-1892) Le canton de Lamastre lui doit sa prospérité .

-Député 1871 , 1881 , 1890-92 , il fut un des 363 . Toute sa vie a été consacrée à la défense des idées démocratiques . Ce monument a été élevé par souscription publique ".

"Il fut un des 363" . Traduisons . Après la défaite de 1870 , Charles Seignobos fut un des 363 députés qui votèrent pour que le gouvernement de la France soit une République alors que 362 votèrent contre .

Ce monument a été réalisé par MM. Clair et Sagnes , sculpteurs à Valence ; le buste est l'oeuvre de Mr Dubois , sculpteur à Paris . Notons que le monument Seignobos ne doit rien à la commune et ne lui appartient pas . C'est un édifice privé construit sur une propriété privée .

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ACTE DE VANDALISME

Dans la nuit de mercredi à jeudi 20 décembre 1902 , 13 bornes-fontaines ont été brisées à l'intérieur de la ville . Ce n'est pas la première fois que pareil fait se produit et la population est indignée d'un acte aussi inepte de vandalisme .

LE BAPTEME D'UNE VILLE

1900 . La Plaine est un désert , mais la digue devenue indestructible va tout changer .

1900. Le C.F.D. rejoint de Cheylard et de là Saint-Etienne ou le Puy .

1901 . L'eau coule abondante aux fontaines .

1903 . Mr Menut va installer 60 ampoules électriques pour éclairer les rues . Enfin 5 urinoirs publics sont construits . Oui , le gros village a bien donné naissance à une ville et , en inaugurant les 10,11 et 12 juin 1901 le monument Seignobos , c'est bien la baptême de cette ville qui va être célébré . D'ailleurs ils sont venus , ils sont tous là , les parrains qui débarquent du train : Mr Mougeot , ministre des PTT , Mr Bellendy , Préfet de l'Ardèche , MM. Saint-Prix et Pradal , sénateur , MM. Perrin , Odilon , Barrot et Astier , députés , des conseillers généraux , le général Monnot et un grand nombre de Maires de l'arrondissement . Pour les accueillir en gare , Raymond Seignobos , Maire , les Conseillers municipaux , les gendarmes en grande tenue et à cheval , la société philarmonique de Valence , le Réveil tournonnais , la Fanfare de Vernoux , celle de Lamastre et l'Harmonie-Chorale de Bourg-lès-Valence . De quoi faire un beau défilé par les rues de Lamastre décorées de guirlandes de verdure et pavoisées aux couleurs républicaines . L'inauguration a lieu à 11 heures . Les discours pleuvent . Un banquet de 200 couverts est servi dans le parc , propriété de Mr Seignobos .

La liesse populaire va durer 3 jours .

Le samedi 10 , retraite aux flambeaux avec le concours de la Fanfare de Lamastre .

Dimanche matin , le C.F.D. a mis en service 2 trains spéciaux . L'après-midi , concerts , goûter aux enfants des écoles , bal , ascension de 3 ballons monstres , feu d'artifice , embrasement des ruines du château .

Le lundi , concours de boules , courses de bicyclettes , de chevaux et d'ânes .

LES SEIGNOBOS

L'histoire de Lamastre compte cinq Seignobos .

i) En 1747 , le jeune Jean-Jacques seignobos du Fiol (Lamastre) mobilisé dans la milice "départementale" craint d'avoir à intervenir contre les Assemblées du désert et ne se présente pas à la caserne . Déclaré deux fois insoumis , les sanctions frappent ... collectivement les jeunes de la Mastre et du Retourtour jusqu'à ce que son père fournisse un remplaçant .

2) En 1818 , André seignobos du Fiol lui aussi , protestant , est adjoint de Mr Dubesset , catholique , Maire de Lamastre . Ils signent ensemble cet arrêté municipal :

Art. 1. Tous les habitants des maisons qui bordent les rues où doit passer la procession de la Fête-Dieu , blanchiront le devant de leur maison avec des toiles de manière à na laisser aucune lacune ni intervalle .

Art. 2. Ils feront nettoyer les pierres et les immondices qui se trouvent vis-à-vis de leurs maisons , tant sur les rues que sur la place publique ".

Dommage que la Fête-Dieu n'ait lieu qu'une fois par an .

3) Charles André seignobos (1822-1892) , fils d'André , va naître chez son grand-père le docteur Sagnol au Grioule (Empurany) . C'est lui qui sera député , l'un des 363 .

4) Raymond , fils du député , sera Maire de Lamastre , puis de Désaignes .

5) Michel Jean-Charles (1854-1942) , lui aussi fils du député . Un des plus réputés historien français . C'est lui qui , en 1942 , fit don à la commune de Lamastre du parc qu'il possédait entre la route de Vernoux et la rue des écoles . Il a été enterré , après la Libération , dans un pré aux Rochains .

LA RESISTANCE

En mai 1942 , les allemands ont besoin de bronze pour fabriquer les armes et les munitions nécessaires pour faire la guerre . Ils achètent à la commune le buste de Charles Seignobos (125 kg de bronze à 30 F le kilo , soit 3 750 francs) .

Le buste est déjà en gare sur un wagon , lorsque Fernand Bosc , Amédée Dumons , Edmond Lespet et Noël Préti s'en emparent pour aller l'enterrer dans le sable des bords du Doux . Surpris par les gendarmes qui croient avoir à faire à des braconniers , il faut replacer le buste sur le wagon . A Tournon , un lamastrois , Abel Dejour , dessinateur au P.L.M. peut noter l'adresse de la fonderie où on va le casser . C'est ainsi que le 17 juin 1942 , Emile Mandon , minotier à Mariguet (Lamastre) accompagné de Noël Préti , retrouve le buste à la fonderie Giraud à Grenoble et réussit à le racheter pour 15 quintaux de farine et un demi cochon à distribuer , paraît-il , au personnel . Il ne reste plus qu'à transporter cette acquisition peu courante par des routes où il est interdit de circuler , puis d'enterrer le buste dans les jardins de Mariguet .

Le 17 septembre 1944 , toute l'Ardèche est libérée par les maquisards et l'armée d'Afrique . Une foule nombreuse , malgré une pluie fine , se groupe autour du monument sur lequel va être réinstallé le buste de Seignobos acheté deux ans plus tôt par Emile Mandon à Grenoble .

PLACE MONTGOLFIER

Rien ne distinguerait la place Montgolfier de l'autre partie de la place du Marché si ce n'était cet onéreux inutile et ridicule théâtre de verdure en ciment armé abritant un Syndicat d'Initiative surdimensionné que des technocrates surdoués viennent d'y implanter . Certains contribuables effarés , se disant au parfum , prétendraient que les conseillers municipaux (promotion 83-89) , dont c'est pourtant la raison d'être , n'auraient jamais étudié le dossier technique , ni décidé la construction , ni voté les dépenses correspondantes . Alors , ces vestiges gallo-romains tout neufs subrepticement surgis sur la place , encore un coup du fantôme du château ?

A l'origine , le terrain sur lequel cette place fut aménagée en 1860 portait le nom de Champ de Mars . C'est là que les membres de la Garde Nationale venaient manoeuvrer sous le commandement de notables locaux tant soit peu ventripotents . La route du pont du Doux située en haut de la Place portant le nom de rue du Marché était , et le reste , le rendez-vous des maraîchers .

LES MONTGOLFIER

Les frères Montgolfier , industriels à Annonay sont fabricants de papiers . Joseph (1740-1776) et Etienne (1745-1799) vont réaliser le rêve millénaire des hommes : s'élever dans les airs . Ce sera un aérostat , ballon gonflé à l'air chaud . Le premier envol d'un ballon de 300 m3 eut lieu à Annonay en 1783 . Aujourd'hui , lorsque les conditions sont favorables , les montgolfières manoeuvrées par les aérostiers peuvent parcourir des distances considérables .

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PLACE DE LA REPUBLIQUE

C'est le bas de la place (Seignobos) , longtemps la partie la plus dangereuse et la plus malsaine du Savel en raison des colères destructrices du Doux , du Cloaque et des mares pestilentielles qu'il y abandonnait chaque fois .

A été baptisée Place de la république le 20 mai 1945 dans l'enthousiasme de la Victoire et de la République reconquise . Malgré les travaux entrepris , la souvenir des inondations resta longtemps présent dans l'esprit des lamastrois .

Le 6 août 1878 , après un long et minutieux examen, le Conseil a reconnu que le seul et unique emplacement pour construire les écoles communales protestantes était le bas de la place . Le 10 octobre 1879 , le Maire trouve que ce terrain sera exposé aux inondations et dangereux pour qu'on y mettre des enfants .

En 1933 ,c'est là que va être édifié l'Hôtel de Ville , les plans étant de Mr Vitou d'Annonay et l'entrepreneur Chomat , également d'Annonay , avec divers sous-traitants .

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Le 6 juin 1944 , le jour où les armées alliées débarquent en Normandie , les forces du Maquis vont libérer définitivement Lamastre de l'occupation nazie . Dès le dimanche suivant , la compagnie de Francs-Tireurs et partisans Français en armes et une compagnie de l'Armée secrète en uniforme se regroupent devant la chapelle . Entraînées par la fanfare , elles défilent jusqu'à la Place de la république où elles seront reçues par le Comité Local de Libération et acclamées par la population. Lamastre est ainsi une des rares villes à s'être libérée seule et définitivement , plus de deux mois avant le débarquement des Alliés en Provence .

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PLACE PRADON

En 1931 , "étant donné la crise économique que nous subissons et la nécessité de secourir dans la mesure du possible des chômeurs éventuels , il y aurait lieu d'adhérer au fonds départemental de chômage qui est constitué dans le département entre les communes de moins de 5 000 habitants" propose le Maire , Victor Descours . Le Conseil vote un crédit de 5 000 francs .

D'autre part , "l'affluence des véhicules de toutes sortes les jours de marché nous met dans l'obligation inéluctable de rechercher un emplacement suffisant pour servir de garage ce jour-là ". Le terrain à acquérir , d'une superficie de 5 000 m2 , est compris entre la voie ferrée , le Condoie , les popriétés Charras et Dutron (Gourdol) , la rue des Lavandières et la prairie restée communale où se trouvait la laverie . La moitié de ce terrain qui appartenait autrefois à la commune avait été vendue 8 000 francs en 1867 , il faudra en dépenser 350 000 en 1931 pour acheter la totalité .

A l'extrémité ouest , sous la chapelle , la commune avait donc conservé une prairie . En 1886 , elle y avait construit une laverie . Un bâtiment , largement ouvert du côté du midi , abritait un lavoir de 10 m de long alimenté par l'eau du Doux . Un édifice voisin constituait la buanderie , huit cuves en bois dans lesquelles on faisait bouillir une fois ou deux par an tous les draps de la maison.

LES PRADON

Claude Pradon , nommé Maire par Louis-Philippe , fera amener l'eau de Peycheylard à la première fontaine de Lamastre en haut de la Place Seignobos (1833-1845).

Gabriel Pradon , nommé par Mac-Mahon , restera Maire deux ans (1874-1876) .

LA RUE FERDINAND HEROLD

Elle va de la place de la république au pont de Sumène . C'est l'ancienne route de Désaignes que le Doux dévastait régulièrement . La peur du Doux avait empêché jusque là d'y construire quoi que ce soit . Il faudra attendre 1900 , la digue renforcée par le chemin de fer C.F.D. , pour voir les commerçants commencer à coloniser le début de la rue . Nous y trouverons bientôt boulanger , bouchers , épiciers , charcutier , cabaretiers ,marchands de charbon , modiste , menuisiers-ébénistes , charrons et marchand de vin vendant au tonneau comme c'était alors la coutume . La rue s'appela bientôt la rue des Grenouilles avant d'être baptisée rue Hérold .

 

En 1770 , Jacques Cadet de Saint-Prix reçoit la quantité nécessaire de planches de noyer pour faire à façon cent douzaine de bois de fusil . Il recevra 425 livres (francs) pour faire ce travail et aura l'autorisation de réaliser dans les tombées de bois des crosses de pistolets pour son compte .

1770 , c'est ancien et c'était hier . Au début de ce siècle , nous aurions trouvé dans cette rue trois négociants en bois bien spécialisés dans l'achat des gros noyers . Ils envoyaient les grosses billes , c'est-à-dire les troncs , dans le Royan et gardaient pour eux les surbilles c'est-à-dire les branches pour en faire ... des crosses de fusil et des sabots .

Chaque année , des milliers de crosses ou d'ébauches de crosses de fusil étaient expédiées aux armuriers de Saint-Etienne .

L'USINE "VARENNE"

Sur la droite de la route , au centre d'une vaste prairie , une minuscule usine qu'Emile Dagrève avait fait construire en 1877 .

En 1885 , il s'agit d'une filature exploitée par Paul Courtial et Gaston Giraud avec je ne sais quelle force motrice . faut-il envisager que l'eau captée dans le Doux sous la Gruterie , desservant la filature reyne et la scierie Descours à Reymonet (refoulée je ne sais comment dans le réservoir d'Odon , traversant la Sumène dans une galerie souterraine un peu en aval du pont , continuant son chemin par un canal longeant la rue des grenouilles) avait suffisamment d'énergie en arrivant dans cette prairie ?

 

Quelle était donc l'utilité , à proximité de la poste actuelle de ce très grand réservoir circulaire taillé dans un seul bloc de pierre et toujours visible dans la propriété Verdier en région parisienne , comme les magnifiques pierres de taille qui constituaient la base de la grande cheminée abattue vers 1950 .

En 1885 , Duplay et Bayon , filateurs à saint-Etienne , font agrandir l'atelier . C'est certainement à eux que la filature doit de disposer d'une importante force motrice comme en témoigne la très haute cheminée industrielle qui se dressait alors à côté de l'usine . Duplay et Bayon confient la direction de l'usine à leur contremaître Mr Varenne . C'est lui qui commande , c'est lui qui embauche . Pour les ouvrières et les lamastrois , l'usine sera l'usine "Varenne" , l'impasse qui y conduit depuis la place Montgolfier sera la rue "Varenne" et lorsque la prairie voisine de l'usine deviendra une place que l'on croit publique , on l'appellera la place "Varenne" . Vox populi ...

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LA VIVARAISE

En 1913 , la société "La Vivaraise" , 14 rue des Alpes à Valence , fait construire sous la direction de Mr Verdier une usine rue Hérold à Lamastre .

En 1920 , Madame veuve Louis Verdier achète l'usine dite "Varenne" dont l'exploitation sera alors de courte durée .

Le 22 novembre 1921 , les Etablissements Gaston Verdier de Meaux absorbent l'usine de la Vivaraise en liquidation judiciaire . rapidement agrandie , elle comptera bientôt 30 à 40 ouvriers bonnetiers fort bien rémunérés et 120 à 140 ouvrières .

L'usine fabrique alors des bas de soie ou de rayonne de très haute qualité (Bas Guy , bas Dior) . L'invention des métiers sans couture va bientôt supprimer le travail des femmes , puis la crise et la concurrence des bas de médiocre qualité , mais bon marché , vont conduire à la fermeture définitive de l'usine de Lamastre en 1968.

LE STADE

Tout de suite après la libération définitive de Lamastre , les maquisards encore en place prennent l'habitude de jouer au foot dans la prairie voisine que Gaston Verdier loua , puis vendit à la commune . celle-ci y aménagera un terrain de foot , deux tennis , un terrain de basket et un boulodrome couvert dû en grande partie au dévouement et au concours des boulistes . Ce stade reçut le nom de Guy Verdier .

Guy Verdier

Guy Verdier était l'un des fils de gaston Verdier , le patron de la Vivaraise . En 1940 , il s'engage comme pilote de guerre en Angleterre dans l'aviation de la France Libre . Incorporé dans l'escadrille Normandie-Niémen , il fut envoyé avec ses camarades en Union Soviétique pour se battre contre les nazis allemands . Il fut tué sur le front du Niémen à la frontière de la Russie avec la Pologne .

L'HERITAGE

Le repli des établissements Verdier sur la région parisienne va dégager 3 importants tènements fonciers que nous appellerons Varenne , Faurie , Vivaraise .

Varenne , sur la droite de la rue des grenouilles (Hérold) , est constitué par une cour ou un jardin le long de la rue en façade de l'usine , l'usine elle-même aux murs épais , des jardins ouvriers entre l'usine et la rue des charrons au nord et à l'ouest , jusqu'à la rue Henri Roche une grande prairie où le petit père Dupré venait faire paître son unique vache .

Faurie que nous retrouverons à proximité rue Camille Gaudemard .

La Vivaraise , sur la gauche de la rue des Grenouilles , comprend l'usine de bas et en suivant la rue vers l'ouest un ensemble important de jardins ouvriers , une très vaste prairie devenue le stade et finalement 5 ou 6 lots déjà vendus à des lamastrois .

 

LA POSTE

La commune de Lamastre était déjà propriétaire de Varenne lorsqu'il devint nécessaire d'en tirer un meilleur parti pour la construction d'un bureau de poste et de logements HLM et la transformation de la vieille usine en un Centre Culturel et de Loisirs .

La poste était alors installée rue Boissy d'Anglas dans un local devenu vraiment trop exigu . Lorsque les facteurs pénétraient dans la salle de tri , il n'y avait pas de place pour les sacs de courrier et lorsque les sacs étaient là , il ne restait aucune place pour les facteurs . Au moment du tri , on apercevait dans la poussière les facteurs exécutant sur les sacs une sorte de danse des ours pour répartir le courrier dans les cases destinées à cet effet .

La construction d'un bureau de poste plus vaste et plus fonctionnel était indispensable . D'autre part , il était impossible de se loger convenablement à Lamastre . D'où l'idée de réaliser ou de faire réaliser sur le même terrain ce bureau de poste et 12 logements HLM . L'emplacement choisi fut , rue Hérold , une partie de la cour de l'ancienne usine Varenne .

J'ai pu alors apprécier la compétence , la courtoisie et la célérité du Directeur Départemental des HLM et du directeur Départemental des bâtiments aux PTT et , en même temps , l'ineptie des règles administratives .

La Poste qui distribue des milliards par le canal de la Caisse d'Epargne était non seulement incapable de financer la construction d'un bureau de Poste , mais n'avait pas le droit de prêter à la commune pour le construire . Il fallut que la commune sollicite un prêt à la Caisse d'Epargne de l'Ecureuil et fasse payer un loyer à la Poste . résultat : la Poste a payé à la commune un loyer annuel aux remboursements de l'emprunt , capital et intérêts réunis . Pendant toute cette période , ce bâtiment n'a rien contribué aux contribuables lamastrois et maintenant le loyer payé est tout bénéfice pour le budget de la commune .

Mais ceci n'est rien . Un jour , je fus convoqué à Privas devant la Commission des Opérations Immobilières composée du Préfet (ou de son adjoint) et de chefs de Service départementaux (ou de leurs adjoints) pour résoudre un problème ubuesque . Le receveur des Postes doit être logé gratuitement . Les HLM n'ont pas le droit de signer un bail avec une administration . Ah , si la commune voulait bien acheter l'appartement pour le louer à un receveur qui n'avait droit à aucune indemnité de logement , mais à un logement , comme l'administration serait une belle chose ! Ce n'était pas mon problème . Lamastre disposait d'un bureau de poste fonctionnel et de 12 logements indispensables , c'était là l'essentiel .

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LE CENTRE CULTUREL

Je n'ai encore rencontré personne qui ait vu fonctionner la filature "Varenne" . La commune utilisait ce taudis industriel pour entreposer du matériel et le mettait épisodiquement à la disposition de quelques associations comme salle de bal . C'est alors que dans ces vieux murs de la plus vielle usine de la Plaine , conçus pour affronter les colères du Doux , fut réalisé un centre Culturel et de Loisirs . Il comprend au rez-de-chaussée , sur l'aile est , la bibliothèque municipale et une salle réservée aux personnes âgées et aux gens tranquilles , sur l'aile ouest une salle de spectacles pouvant contenir 200 spectateurs et ses annexes . A l'étage , deux salles de la superficie d'une salle de classe , un labo photo équipé , une grande salle de danse et de gymnastique et deux autres salles plus petites à la disposition des groupes peu nombreux .

L'INAUGURATION

Le 28 juin 1932 , à l'unanimité , le Conseil municipal de Lamastre demande que soit établi dans cette ville un bureau de poste assurant la distribution journalière du courrier . Ce local sera très modeste . Depuis , le bureau de poste a prospéré . En 1886 , c'était l'installation d'un bureau télégraphique , en 1899 , l'installation du téléphone .

Le 28 juin 1982 , 150 jour pour jour après la création du premier bureau de poste , Louis Mexandeau , Ministre des Postes et télécommunications , venait inaugurer , non seulement ce bureau , mais aussi le Centre Culturel et de Loisirs dont la réception des travaux avaient eu lieu la semaine précédente et le mobilier pas encore en place e.

LA PLACE VARENNE

Les jardins ouvriers et la prairie sont devenus une grande place appartenant au domaine privé de la commune (parcelle 177) bordée au nord par une rangée de 16 pavillons contigus . Grâce aux recherches d'un conseiller municipal laborieux , cette place , dite "Varenne" , fut officiellement baptisée Victor Hugo . Il faudrait toujours faire comme lui et vérifier les qualités des une et des autres . Cela éviterait , comme cela a pu se faire par ailleurs , de donner à une rue le nom d'un apôtre de la collaboration ou de la déportation .

L'USINE TRIGANO

En 1956 , la production d'articles de loisirs et de vacances débute à Lamastre sous divers noms et en plusieurs emplacements . En 1966 , cette société , installée alors avenue Frédéric Nodin , est absorbée par Trigano Vacances Européenne de Camping avec à sa tête André Trigano . Janvier 1972 , Trigano Vacances devenue Compagnie Européenne de camping Car et de Caravane (4 CE) et société Trigano Industrie quitte la digue et s'installe à la Vivaraise où elle est toujours . Après une période euphorique , puis de difficultés , elle y emploie aujourd'hui cent ouvrières et ouvriers produisant tentes , caravanes pliantes et marabout pour collectivités .

Les jardins ouvriers tout proches ont donné naissance à un lotissement comprenant une copropriété et une dizaine de villas .

LES HEROLD

Le château a sa légende , les Dévières ses revenants , la rue Hérold son mystère . Sur la plaque apposée sur l'Hôtel de Ville nous lisons Ferdinand Hérold (1828-1882) et à l'autre bout de la rue , au 42 , à côté de chez moi Ferdinand Hérold (1791-1833) . Le préposé au placage avait dû se trouver devant un choix difficile d'autant plus que nos héros sont 3 . Les premiers , Louis Ferdinand Hérold , né en 1791 à Paris est un compositeur romantique , élève de Méhul . Ses oeuvres les plus connues sont "les Rosières" (1817) , "Marie" (1826) et surtout "le Pré aux Clercs" (1831) et "Zampa" (1832) .

Le deuxième , Ferdinand Hérold (1828-1882) , après avoir tenté une carrière parlementaire en Ardèche , fit un excellent Préfet de Paris et un non moins excellent ambassadeur du Canton de Lamastre auprès des ministères .

Le troisième , André Ferdinand Hérold (1865-1940) , ancien élève de l'école des Chartes , fut un véritable poète , excellent auteur dramatique . Il passait chaque année quelques mois de vacances dans sa maison de Lapras où venaient le rejoindre ses amis poètes , musiciens , écrivains ou hommes politiques : Pierre-Louis Courteline , Emile Kahn , Grumbach , Maurice Ravel , et pendant l'occupation Jean Perrin ,l'ambassadeur Lévy et d'autres .

Ennemi acharné du nazisme et du fascisme , il ne put survivre à la chute de la troisième république qu'il avait tant aimée et tant servie . Il repose dans le petit cimetière de Lapras à 4 km de Lamastre .

RUE HENRI ROCHE

La seule rue perpendiculaire à la rue Hérold rejoint la digue Frédéric Nodin en longeant la place "Varenne" . Nous y trouverons une copropriété , une scierie et dépôt de bois en sommeil à l'heure actuelle et dans une grande cour la caserne des pompiers .

 

LES POMPIERS

Il s'agissait d'un bâtiment inachevé acquis par la commune qui y aménagea , au rez-de-chaussée , une caserne pour les pompiers avec une salle de réunion , des sanitaires , un bureau et de vastes garages ... En 1858 , la commune de Lamastre avait fait construire sur la petite Place (au bas du chemin du château) une remise de 6 m2 (lisons 6 m de côté ) pour y entreposer les camions et nombreux outils nécessaires à la construction de la digue et même la pompe à incendie . Deux ans plus tard , le 11 mai 1860 , sera créé officiellement une compagnie de sapeurs-pompiers de 52 hommes armés de haches et de fusils et commandés par des chefs choisis parmi les bons bourgeois . A titre de récompense , les pompiers avaient droit à l'exemption des 3 journées de prestation , c'est-à-dire aux 3 jours de travail à faire sur les chemins communaux . Seraient cependant privés de récompense , ceux qui auraient manqué de respect à leurs chefs ou à l'autorité et ceux qui se mettaient habituellement dans un état d'ivresse . Après diverses éclipses , la compagnie actuelle sera reconstituée le 6 juin 1920 .

DES LOGEMENTS RESERVES

Sur la dalle , mais donnant sur la digue , la société des HLM de Privas édifia des logement réservés aux personnes âgées ou aménagés pour les handicapés .

Henri Roche (1900-1969)

Orphelin de père et de mère à 14 ans , attiré de bonne heure par la peinture , il ne pourra s'y consacrer entièrement qu'après son service militaire . Il monte alors à Paris pendant 7 ans dans diverses académies renommées . Reçu à la Société des Artistes Français et lauréat des Beaux-Arts , il revient à Lamastre en 1935 , exposa ses oeuvres à Valence , Annonay , Lyon et se créa une clientèle fidèle qui venait régulièrement à Lamastre acquérir ses nouvelles oeuvres , en particulier ses paysages et ses portraits de vieux . J'aurai toujours un regret que la ville de Lamastre ait laissé partir sa "magnifique adoration des bergers" typiquement ardéchois et lamastrois , digne de Rembrandt .

Son frère Marcel , ouvrier bonnetier et excellent musicien , avait fait don à la ville d'un très grand tableau "l'inspiration du poète" d'après Poussin que j'ai fait restaurer et qui se trouvait dans la salle du Conseil .

LES COMMUNAUX

Revenons place de la République et dirigeons nous vers le pont .Nous allons rencontrer quatre chemins rigoureusement perpendiculaires à la rue Olivier de Serres rejoignant tous la rue Henri Roche . Entre ces chemins de 2,40 m de large à l'origine , mais élargis ici ou là à l'initiative des propriétaires , nous trouverons des lots de 800 m2 , souvent partagés , créés lors de la vente des biens communaux en 1859 . Ces chemins irrégulièrement élargis portent maintenant les noms de rue Pons de Capteuil , rue des Charrons , rue Camille Gaudemard , rue des Jardins .

RUE PONS DE CAPTEUIL

Connue autrefois sous le nom d'impasse "Varenne" , elle allait de la rue du Marché aux Herbes (place Montgolfier) à l'usine "Varenne" . Son débouché place Montgolfier est tout juste utilisable avec une voiture légère dont le conducteur ne craint pas de frotter les murs . On y trouvait une petite usine aux murs eux aussi très épais comme ceux de l'usine "Varenne" . C'est peut-être cet atelier qui a vu la naissance de l'industrie des paillons à l'initiative d'un monsieur Combe de Presles . Il s'agissait avec de la paille de seigle battue au fléau de confectionner divers objets et en particulier les housses qui protégeaient les bouteilles de champagne et autres bons vins . La paille battue à la machine était inutilisable .

Par la suite , l'infatigable Frédéric Nodin à la retraite y exploita une teinture de laine et y expérimenta le premier cinématographe lamastrois .

Puis ce fut une huilerie dont la sortie s'effectua directement sur la place Montgolfier .

Au bout de la rue , un important commerce de matériaux de construction : inutile de dire qu'il vaut mieux y accéder par la place "Varenne" .

Pons de Capteuil

Grand Seigneur du Velay (1175-1225 environ) . Poète , troubadour . Il chante l'amour courtois et la libération des Lieux Saints . Il part pour la croisade en Palestine où il meurt . Un de ses fils , ayant épousé l'héritière du seigneur de la Mastre , devint Baron de la Mastre .

RUE DES CHARRONS

Elle va de la rue Olivier de Serres à la rue Henri Roche . Dénommée ainsi en raison de la présence des deux derniers charrons de Lamastre .

RUE CAMILLE GAUDEMARD

Ancienne "première rue des Jardins" , elle va elle aussi de la rue Olivier de Serres à la rue Henri roche . Cette rue est en passe de devenir la plus religieuse de Lamastre . On y trouve déjà l'Armée du Salut , la salle de réunions des frères de Plymouth et , un jour plus ou moins proche , la chapelle de l'Eglise évangélique libre actuellement implantée à l'extrémité nord de la rue Olivier de Serres .

On ne peut pas dire que l'implantation des Salutistes ait été d'une sérénité absolue . Il faut reconnaître que chanter des cantiques en prêchant à l'entrée des guinguettes ou vendre "En Avant" sur le parvis de la Basilique de Lalouvesc heurtaient peut-être les habitudes .

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Est-ce la raison qui fit que "dans la nuit du 29 au 30 janvier 1886 , des malfaiteurs ont brisé la grille en fer du chalet de Mr Giraud situé sur la chaussée (la digue) de la rivière le Doux et habité par les salutistes . Cette nuit , le lieutenant Perrenac était atteint de pleurésie et alité chez le nommé Espeit . Le chalet était inhabité . Les malfaiteurs à l'aide d'une pince en fer ont fait tomber la grosse pierre de taille formant l'angle du mur et de la grille ainsi que 4 pierres de couronnement . Ils ont pénétré sur la terrasse , ont brisé quatre grands vases à arbustes et en ont jeté deux dans le jardin qui est 3,80m au-dessous" (ce qui pour le moins nous donne la hauteur de la digue en terre .

En juin 1907 ,"pendant la nuit , des malfaiteurs restés jusqu'ici inconnus ont tenté de mettre le feu à l'immeuble occupé par l'Armée du salut , en enflammant de l'esprit de bois qu'ils avaient préalablement versé de l'extérieur au bas de la porte d'entrée du rez-de-chaussée ".

La rue Gaudemard n'était pas uniquement réservée à la dévotion . Nous aurions pu y voir travailler Mr Entressangle , fabricants de jougs , "médaillé plusieurs fois au Concours Régional de Lamastre" . Le joug était une solide pièce de bois ouvragée de façon à pouvoir atteler ensemble deux boeufs (ou deux vaches) au timon d'une charrue ou d'une charrette . Benjamin Roche prit sa succession , travaillant surtout pour l'exportation en Afrique du Nord . La guerre d'Algérie fut fatale à cette production . Aujourd'hui , son fils est un de ceux qui maintiennent la réputation lamastroise des sièges de qualité .

TISSAGE FAURIE

A l'extrémité de la rue , formant angle avec la rue Henri Roche , mr Jean Faurie avait édifié en 1929 un tissage , en 1932 un moulinage où il occupa jusqu'à 70 ouvrières . Mais la crise arriva , la matière première accaparée par les grosses sociétés , Faurie fut contraint de vendre usine et métiers . L'acheteur fut Verdier qui décida de vendre les métiers en Belgique . Le client belge avait été amené par ... Faurie à qui il rétrocéda sur le champ la moitié des métiers . Celui-ci se réinstalla rue Hérold et son atelier occupait encore 16 personnes en 1950 .

S.E.F.A.C.

Après le retrait de Verdier , l'usine fut occupée par un atelier de mécanique générale .

C'est en 1975 que la S.E.F.A.C. (Société d'études et de fabrication d'attaches pour câbles) fut créée dans cette usine à l'apparition des fibres aramides aromatiques très difficiles à ancrer . Sous la direction de Mr Bernolin , l'activité de la S.E.F.A.C. est unique en France . La haute qualité de ses fabrications lui a généré une excellente image de sérieux et de spécialiste des problèmes liés aux câbles spéciaux et leurs équipements à très haute résistance mécanique (plusieurs dizaines de tonnes) . De très nombreux brevets élargissent régulièrement le domaine d'application très vaste des câbles S.E.F.A.C. : tous les secteurs industriels , le transport d'énergie électrique , l'aéronautique , l'off-shore , le domaine de la mer , le domaine militaire .

Camille Gaudemard

Il est né en 1895 dans la rue des jardins à Lamastre où son père était facteur-chef . Lui-même cheminot , était affecté au guichet de la gare de Valence dont il avait fait le relais entre les Résistants de la Vallée du Rhône et les Maquisards du Vercors . Avec son camarade Sabatier , il avait pu se rendre au Camp français d'internement de Saint-Paul d'Eyjaux porter à son beau-père Charles Saignol de Lapras et à Noël Préti les faux papiers , l'argent et les instructions pour s'évader et regagner Lamastre .

Il sera emprisonné de janvier à mars 1943 , puis arrêté à nouveau le 4 mai 1944 par la Gestapo et déporté au camp de concentration de Neungamme aux abords de Hambourg où il décéda vers le 22 février 1945 .

LA RUE DES JARDINS

Elle va elle aussi de la rue Olivier de Serres à la rue Henri Roche . Un plan de 1900 nous donne la largeur originelle de cette rue et de ses soeurs jumelles : 2,40 m . Comme les autres , elle a été élargie tantôt à droite , tantôt à gauche , selon les besoins des divers propriétaires . A l'extrémité de cette rue , en 1900 , Guy Chomarat , moulinier , édifie un atelier adossé à la digue . Les propriétaires vont se succéder .

En 1910 Clément Pilat construit un nouvel atelier . Puis un étage donnant directement sur l'avenue Nodin est édifié . En 1920 , les pasteur Samuel Delattre fabrique des couteaux et , semble-t-il , des tubes en carton pour filatures et moulinages . Mais christianisme social et exploitation capitaliste ne font pas souvent bon ménage .

En 1926 , l'usine appartient à Fournier et Cie , fabricant de paillons et en 1931 à Jean Grangier , moulinier .

LA GUERRE

En 1940 , elle abrite une partie des 830 réfugiés chassés de chez eux par la guerre et venus s'échouer à Lamastre .

Au printemps de 1944 , un détachement de 30 gardes mobiles de réserve (G.M.R.) chargés par Pétain d'arrêter les maquisards et les réfractaires au service du travail Obligatoire (S.T.O.) vient y cantonner . Un accord discret est conclu entre Daniel , chef des maquisards et l'adjudant Paré , chef du G.M.R. pour éviter de s'entretuer . Malheureusement , le 6 mai 1944 , un sous-officier abruti Paul Best ne tient aucun compte de cet accord et arrête Raphaël Barasi et Albert Franchi qui revienne en toute confiance d'une mission . Dénoncés à la Gestapo par un individu venu résider à Lamastre , ils seront déportés à Buchenvald d'où seul Raphaël reviendra . Daniel et ses hommes assiègent alors la caserne toute une nuit pour que tous les G.M.R. soient bien informés . Je dois ajouter que je dois moi-même la liberté , donc la vie , à la discrétion complice d'un G.M.R. face au zèle criminel de son chef de patrouille .

En juin 1944 , les maquisards de Daniel , renforcés par de jeunes résistants lamastrois , forment maintenant la 7.101ème compagnie de F.T.P.F. ( Francs Tireurs et Partisans Français) et viennent s'installer à la place des G.M.R. qui , désarmés pour un temps , préparent maintenant le repas des maquisards .

CARIBOU

Vers 1950 , Mr Finet de Romans crée dans ces ateliers une usine de chaussures "Caribou" . Cette entreprise est absorbée par les Etablissements Besson de Clermont-Ferrand eux-mêmes en difficulté semble-t-il . Mais deux moribonds ne font pas un vivant .

AVENUE PAUL BRUAS

Il nous reste à traverser le Doux sur le pont construit en 1870 et que les lamastrois appellent maintenant pont de Tain comme ils appellent la café-restaurant et les quelques maisons touts proches le quartier de tain . Vous pouvez chercher Tain sur toutes les cartes , vous ne trouverez rien car ce lieu dit n'existe pas sauf en face de Tournon , de l'autre côté du Rhône . S'agit-il d'une contamination ?

L'avenue Paul Bruas n'est autre que la route partant de notre "Tain" en direction de Nozières et de Lalouvesc , bordée de villas qui se dorent au soleil . Vous n' y trouverez ni usine , ni souvenir du passé .

Paul Bruas (1886-1962)

Il est un des premiers et des plus discrets résistants de Lamastre . Il fut choisi par ses camarades comme Président du Comité Local de Libération qui administra la commune à partir du 8 juin 1944 à la place du Conseil municipal . Cette charge n'était pas honorifique alors que les Allemands et la Gestapo étaient installés à Tournon . Pas plus d'ailleurs après leur départ , alors qu'on manquait et manquera de tout , de chaussures , de pneus de bicyclettes , d'essence et de quoi manger , même de pain fait avec de la farine de blé .

Paul Bruas , élu Maire après le retour des prisonniers dut abandonner sa charge vers 1945 , sa vision étant de plus en plus défaillante .

 

 

Dimanche 11 juin 1944

Lamastre fête sa libération définitive de la barbarie allemande obtenue dès le 6 juin par ses propres moyens .

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