DE SERRIERES A BARJAC

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Nous la connaissons aujourd'hui sous le nom de route de Tournon . Je lui donne pour un instant le nom qui était le sien jusqu'au 19ème siècle : "route n°1 de Serrières à Barjac". En fait , il s'agissait de l'importante route joignant Lyon à Montpellier par l'intérieur du Vivarais : Serrières , Annonay , Boucieu le Roi , La Mastre , Aubenas et Barjac dans le Gard , puis Nîmes et Montpellier . Elle évitait les rives du Rhône , ses étranglements , ses affluents ardéchois à traverser et ses inondations . C'était l'équivalent de l'autoroute actuellement projetée entre Valence et Nîmes . Elle traversait La Mastre par l'impasse de Condoie , le chemin des Nonières et le quartier Chalamet .

Entre le Crestet et Lamastre , elle faisait itinéraire commun avec le chemin n°12 de Tournon à Désaignes et Saint-Agrève , chemin qui traversait La Mastre par la plaine du Doux . Au début du 20ème siècle , cette route est devenue naturellement notre première zone industrielle .

LES ETABLISSEMENTS GAILLARD

En 1916 , les Etablissements gaillard de Béziers installe entre la route et le Doux une scie à ruban animée par une chaudière à vapeur . La scierie devenue trop petite occupe à l'ouest tout l'espace disponible entre les rails de la gare . Là , 70 à 80 manoeuvres , l'épaule protégée par un sac en diagonale , déchargent des grumes arrivant de tous les cantons voisins . A la main , ils sélectionnaient et débitaient à longueur voulue les troncs de sapin réservés à la charpente , les buttes de pin dont la scie tirerait planches , lames de parquet , bois de mines , étais pour les tranchées . A l'autre extrémité de la scierie , près du Grozon , un gros chantier d'injection de poteaux avec divers ingrédients chimiques . Ce dernier chantier , transporté à Saint-Péray , semble y poser quelques gros problèmes . En 1982 , la scierie cessera toute activité à Lamastre .

LES ETABLISSEMENTS CHANGEAT

Face à la scierie , de l'autre côté de la route , le moulin de Laye est créé en 1352 par autorisation du prieur de Macheville . Vers 1850 , son propriétaire , François Changeat , y exploite aussi une filature de sois de quarante bassines et occupe une cinquantaine d'ouvrières payées un franc par jour quand il y a du travail . En 1856 , la filature cessera provisoirement toute activité faute de cocons .

L'antique moulin cessera de moudre le grain en 1972 pour laisser place au Collège de Lamastre . Une meule récupérée à cette occasion est présentée devant la gendarmerie .

LE PONT DE LAYE

Près du Moulin , sur le Grozon , nous trouverons le plus ancien pont en pierres de Lamastre . Nous le reconnaissons parfaitement sur les plans signés en 1765.

Nous y constatons que la voûte aurait 6 mètres d'ouverture , 15 mètres de hauteur et la chaussée 5 mètres de largeur à l'origine .

LES ABATTOIRS

Franchissons le Grozon . En 1916 , la société des paillons de l'Ardèche construit une usine au sud de la route . En 1926 , elle vend les bâtiments de Léon Moirant , industriel à Annonay , qui récupère les vieux chiffons et fait rapidement faillite . En 1928 , la commune achète l'usine 171 000 francs pour y aménager les abattoirs publics alors indispensables en raison du très grand nombre de bestiaux amenés aux marchés . Le devis des travaux s'élèvera à 187 000 francs et la subvention à 183 000 francs .

LES ATELIERS SINZ

En 1931 , Mr Rodier achète à Mr Changeat une parcelle faisant suite aux abattoirs sur laquelle le pasteur Luigi avait aménagé un terrain de basket-ball pour les jeunes (YMCA) . Mr Rodier y fait construire un atelier spécialisé dans la fabrication des paillons . Son associé Georges Rioufol le transfèrera à Tournon .

Le propriétaire actuel est l'entreprise de bâtiments Sinz .

MEETING D'AVIATION

Plus loin encore , sur l'ancien tracé de la route de Tournon , dans le pré des Barraques , les 13 et 14 juillet 1913 , le Syndicat d'initiative réalise LAMASTRE-AVIATION avec le concours du célèbre aviateur Charles Amans .

C'est la fête . On décore les anciens combattants de 1870-1871 . Il y aura les fanfares de Lamastre et du Cheylard , des jeux olympiques , bals , feux d'artifice et services de voiture même automobiles pour transporter les spectateurs jusqu'au champs d'aviation .

L'après-midi , le virtuose s'élance , survole plusieurs fois la foule angoissée , entreprend quelques acrobaties , heurte la cime d'un peuplier et réussit à se poser sur l'autre rive du Doux , dans le pré de Chambon , mettant ainsi son appareil à l'abri des collectionneurs de pièces détachées .

Les 15 et 16 juillet 1934 , un nouveau meeting d'aviation attire à Lamastre un grand nombre de visiteurs . Malgré cela , les dépenses engagées ont dépassé les recettes . Le Conseil municipal alloue au Syndicat d'initiative une subvention de 300 francs .

LE PONT SUR LE DOUX

Là , nous sommes vraiment loin , à 4 km de Lamastre . Un événement important se prépare . La route de Serrières à Barjac ne passera plus par Boucieu le Roi . En 1855 , une route directe d'Annonay à Lamastre , desservant Saint-Félicien , passant par Arlebosc et Empurany , s'apprête à traverser le Doux au Plat sur un pont à 3 arches pleines de 20 m d'ouverture . Mais l'entrepreneur Bonnet ne peut pas terminer le chantier et les ouvriers ne sont plus payés . Tout finira par s'arranger pour eux et les voyageurs . D'où cette stèle taillée dans une pierre du pont que l'on peut toujours voir dans le parc Seignobos face à l'école maternelle et sur laquelle on a gravé : "Hommage de reconnaissance offert à Monsieur Charles Seignobos , membre du Conseil général de l'Ardèche , par les ouvriers constructeurs du pont du Doux (près le Plat) . Lamastre le 6 décembre 1857".

Le 19 juin 1944 , pour protéger Lamastre après la prise d'Annonay par les Allemands , les maquisards font sauter l'arche centrale du pont du Plat .

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