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La lettre du MASTROU 18 Décembre 2015

Un grand monsieur nous a quitté !

jean arrivetz , mastrou
Le Chemin de Fer du Vivarais se retrouve orphelin.
Son fondateur Jean Arrivetz est décédé hier dans sa 92 ème année.
S’il est une histoire de la passion, Jean Arrivetz en est l’image parfaite. Rien ne le prédestinait à une carrière dans les transports, si ce n’est un attrait, dès son plus jeune âge, pour les tramways. Il aimait à rappeler que tout petit, en région parisienne d’où il était originaire, il passait des heures à les admirer, à les voir passer … Après avoir brillamment fait « Les Beaux Arts » (on était artiste chez les Arrivetz), le voici embauché à l’OTL qui était en train de devenir les TCL avec les premiers travaux du métro de Lyon. Son travail sera clair et fera appel à ses deux passions: le ferroviaire, bien sûr, puisqu’il s’agit de métro ; l’art et la création ensuite, car
son travail consistera à inventer et à créer pour les lyonnais la signalétique et l’environnement du nouveau métro de Lyon.
Jean Arrivetz aimait avoir plusieurs fers au feu, lesquels « fers » étaient souvent en relation avec le ferroviaire. Le tourisme ferroviaire historique que nous connaissons maintenant, et qui est un véritable moteur pour certaines régions, c’est à lui que nous le devons. Il en a été un des pionniers et Il n’a eu de cesse de répertorier et de conserver, des tramways par-ci, des loco «betteravières » par là, des véhicules terminant leur carrière dans des installations industrielles…
Il n’était que de l’entendre raconter avec gourmandise la façon dont il avait récupéré un tracteur du funiculaire Lyon-Saint Just, donné gratuitement par l’OTL « pour s’en débarrasser ».
Ou comment il avait réussi à convaincre le Conseil Général de l’Isère de lui remettre quelques km de rail, pour équiper ce qui allait devenir le Chemin de Fer du Haut Rhône, après une brève installation et donc appellation au « Grand Large » de Lyon. Autre brillante intervention, le sauvetage du Funiculaire du Touvet, mondialement connu maintenant, grâce aux championnats du monde de voile libre.
Mais, son bâton de Maréchal, son exploit qui encouragera et montrera la voie à beaucoup d’autres, est sans conteste le sauvetage du Chemin de Fer du Vivarais. Ses yeux brillaient lorsqu’il racontait ce coup de maitre, d’avoir su convaincre in extremis – l’espace d’un voyage
en autorail Billard – les élus départementaux et representants du ministère -de lui confier la ligne Tournon – Le Cheylard pour la transformer en Chemin de Fer Touristique. Pensez voir ! A l’époque, les départements avaient décidé de se séparer à tout prix de tous de ces puits sans fond que représentaient ces petits tortillards, reliant des sous-préfectures à des villages isolés, reliés dorénavant par des véhicules routiers rapides et modernes. « Si vous y tenez ! Vous ne
tiendrez pas 6 mois », s’était-il entendu dire ! « De toutes façons, ce ne sera que Tournon Lamastre ».
On connait la suite. Et quelle suite !
Jean Arrivetz a écrit, surtout une littérature technique et historique en rapport avec le ferroviaire en général et les transports urbains, Lyonnais en particulier C’était aussi une vraie plume. Relisez son petit livre « Histoires sur Rail ». Au travers d’histoires « vraies » peut-être un peu arrangées, on lui découvre une face mal connue : il aimait raconter, il était passionnant à écouter, il savait mettre en scène et ménager le suspens tout en étant excessivement
respectueux des gens et de leur petits travers.
La « fin » du Vivarais en 2008, de « son » Vivarais qu’il avait imaginé puis créé, même s’il en a été affecté, n’a pas entravé son imagination à voir le bon côté de ce renouveau, à trouver un sens à cette nouvelle situation, à encourager ce nouveau défi. C’est un petit peu ce qu’il nous
disait lors de l’inauguration officielle du 2 juillet 2013.

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Seule sa passion comptait, pas l’argent, pas la possession. Il avait toujours sur lui un petit carnet, qui devait avoir l’âge de son propriétaire, et qu’il ne sortait que dans des cas exceptionnels –et que j’ai eu l’honneur d’apercevoir- où il notait les dates et l’identité des matériels sauvés : électriques, vapeur, métrique et voie de 60. Et il terminait invariablement par une de ses antiennes connues de beaucoup « On n’a rien gagné, mais qu’est ce qu’on s’est amusé » ! Et dans la bouche de ce respectable Monsieur, ces mots prenaient une signification toute particulière.
Une de ses dernières idées aura été, lors de la création du pole « Carré de la Soie » à Lyon, pole commerciale et multimodale, d’imaginer une desserte des parkings par ses chers vieux tramways, dont il regrettait l’inactivité et les dégradations lors de leurs hébergements
successifs…
A nous tous, amis, intimes de Jean Arrivetz, simples ferrovipathes ou spectateur de ce magnifique Chemin de fer, il nous laisse un message d’amour ferroviaire, ainsi qu’il l’exprimait en 1976 dans l’avant propos de son livre « Histoire sur Rails » :
Quand on aime quelqu’un ou quelque chose, il est parfaitement vain d’analyser pourquoi.
L’amour comporte une sensibilité particulière à une certaine harmonie, à une certaine poésie, à une certaine ambiance …… et curieusement, il y a aussi ceux qui aiment les petits trains ou les tramways d’autrefois, ceux qui sont sensibles à l’humanisme ou à l’épopée du transport rural ou urbain
Tout Jean Arrivetz est dans ces quelques lignes : le beau, l’humain, l’amour d’une passion, née dès le plus jeune âge et qui vous accompagne la vie durant;

Merci Monsieur Arrivetz.

Posté par Christian Perillon, communiqué des amis du nouveau chemin de fer du Vivarais.

arrivée mastrou badge voyage inaugural

Photo souvenir, spéciale dédicace de lamastre.net

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