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Plusieurs discours ont été prononcés le 8 Mai à Désaignes à l’occasion de l’hommage rendu à François Binoche.
Prise d’armes à Lamastre été 44, François Binoche , troisième à partir de la Gauche
La place qui porte désormais son nom à Désaignes a été inaugurée à cette occasion et Christian nous a confié le texte de son discours qui retraçait la vie du Général Binoche, du Capitaine déchu se réfugiant à Désaignes au Général que nous avons honoré ce 8 Mai 2019.
Cet hommage retrace le parcours professionnel et personnel dans lequel Désaignes a une place prépondérante
Hommage au général Binoche
Pour les Désaignois la figure tutélaire du général Binoche est un symbole lumineux, celui du courage, du patriotisme, de la fidélité, de la reconnaissance et de l’humilité.
Nous sommes ici pour partager très simplement le souvenir d’une très vieille et belle amitié et exprimer notre respect.
Général François Binoche,
général de division,
gouverneur de Berlin,
grand officier de la légion d’honneur,
Compagnon de la Libération,
vous étiez aussi le fidèle ami de Désaignes et des désaignois, fils adoptif de ce village d’Ardèche où vous aimiez, au soir de votre vie, couler des jours heureux dans la quiétude et où vous avez voulu être inhumé afin de reposer pour l’éternité dans cette terre d’Ardèche qui vous avait accueillis lorsque les noirs dangers de la guerre vous menaçaient.
L’émouvante et inaltérable amitié qui unit la communauté des désaignois au général Binoche remonte à la date précise du 17 mai 1941, jour où le général et sa famille ont trouvé refuge sur le territoire de cette commune.
A cette époque, après avoir connu les geôles du pouvoir illégitime de Vichy pour son engagement auprès du général de Gaulle, il est venu avec sa famille s’abriter dans la montagne d’Ardèche.Aujourd’hui Désaignes honore le résistant, l’ami, le fils adoptif du village, et rend hommage au grand soldat qu’il fût.
A sa sortie de Saint Cyr, le jeune lieutenant Binoche est affecté au 2° régiment étranger d’infanterie à Meknès au Maroc, dans la Légion étrangère. Les militaires de carrière n’ignorent pas que seuls les officiers d’élite intègrent la Légion. En 1940, devenu capitaine il combat durant la campagne de France et est fait prisonnier le 24 juin, il parvient à s’échapper fin juillet et rejoint le Maroc en août où il compte réintégrer son régiment de la Légion. Immédiatement il se range auprès de de Gaulle et tente de rallier d’autres officiers à sa cause. Mais le Maroc est resté fidèle à Vichy, Binoche est dénoncé, arrêté, et écroué le 17 novembre. Après plusieurs mois à croupir dans les geôles de Vichy il est jugé par une cour martiale en avril 1941. Il est acquitté mais est congédié de l’armée pour fait de gaullisme. Il se réfugie alors à Désaignes.A cette époque il intègre les réseaux de renseignements Mithridate et Gallia puis il se rapproche étroitement d’Alexandre Bancel et des résistants désaignois de l’Armée secrète pour organiser la lutte clandestine et préparer l’insurrection populaire de l’après débarquement.
Le 6 juin 1944 il est le chef du bataillon « Lamastre »qui mobilise les jeunes hommes du canton et est nommé par l’état-major FFI commandant militaire du secteur B de l’Armée secrète de l’Ardèche. Il mène ses hommes au feu à la bataille de Cheylard, durant laquelle il est gravement blessé par une balle de mitrailleuse et est amputé du bras droit, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre la guerre et de participer aux combats de la libération de L’Ardèche et de Valence.
Ensuite, lors du passage des forces alliés il réintègre l’armée régulière au sein de la 1° armée du général de Lattre de Tassigny, il participe à la bataille de l’Alsace et continue le combat jusqu’à la Victoire finale.
Pour sa bravoure, ses états de service et son ralliement immédiat à la cause de la France Libre en 1940, le général de Gaulle le nomme dans l’Ordre des Compagnons de la Libération, distinction émérite, prestigieuse et réservée uniquement aux grands résistants.
Il poursuit brillamment sa carrière militaire, devient général de division et obtient dans l’ordre de la Légion d’honneur le grade de Grand officier.
Il sera également le conseiller militaire du Président du conseil Mendés France lors des négociations difficiles qui mèneront à l’arrêt de la guerre d’Indochine en juillet 1954.Mais au-delà du général à la carrière prestigieuse, les désaignois ont eu le privilège de connaitre l’homme, l’ami sûr, fraternel, bon et généreux. Il était un homme de fidélité,
fidèle à la vraie France,
fidèle au général de Gaulle,
fidèle à l’esprit de résistance,
fidèle au village de Désaignes et à ses habitants.
Il aimait et estimait les ardéchois, ces hommes et femmes de sacrifices, de traditions et épris de liberté. Il gardait une affection particulière aux jeunes ardéchois de la compagnie Bancel qu’il avait menés au combat et leurs accordait une réelle admiration pour leur allant lors des combats de 1944, affirmant toujours sa fierté de les avoir commandés dans ces circonstances dangereuses de l’histoire.
Le général Binoche a voulu reposer dans le petit cimetière de Désaignes, près de ses amis.
Nul ne choisit où il nait mais on choisit le lieu où l’on repose pour l’éternité. Ainsi, par ce geste ultime de fidélité il a exprimé sa reconnaissance aux gens de ce pays qui l’avaient généreusement accueilli lui et sa famille aux temps des années noires de l’occupation.Plus tard, dans bien longtemps, quand les générations se seront écoulées les unes après les autres, que l’oubli aura recouvert d’un voile opaque ce passé héroïque, de petits enfants ardéchois, surpris de lire une plaque au nom du « GENERAL BINOCHE » sur la place du monument aux morts et lorsqu’ils détecterons dans le cimetière de leur village une tombe particulière, mentionnant un général Compagnon de la Libération, ils s’interrogeront pour savoir qui était ce prestigieux général.
Il suffira de répondre : « Il était un général très courageux, venu de loin, il s’est battu pour la France et vos ancêtres et il repose ici car il nous aimait beaucoup et nous estimait encore plus ».
Ainsi, cette plaque de la mémoire, cette tombe, seront un fleuron de plus pour l’histoire et la gloire de notre petit pays.
Le général Binoche au 50 ième anniversaire de la libération , sur la place qui porte désormais son nom; à ses cotés Jean Paul Bancel, fils d’Alexandre.
Dans un des livres d’histoire écrit par Paul Bouit, « Désaignes pages d’Histoire »François Binoche avait témoigné de son attachement à son passé de Résistant Lamastrois et Désaignois .
Pour compléter l’historique de cette biographie et parfaire le devoir de mémoire de cette période en voici le texte manuscrit, la partie occultée est plus personnelle.
et pour finir une photo de « famille » des anciens du Maquis de Désaignes lors d’un repas chez Ranc.
(Il manque des noms , vous pouvez contribuer) .
Et la dernière image , celle des obsèques du Général en 97, le cercueil à la sortie de l’église de Désaignes, on reconnait Marc Ranc, Marguerite Bouit et « Momon » Lespet fils d’Edmond.
R Bouit
crédit photos R Bouit et Mike.