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JEAN  BERNARD est décédé le 25 mars 2024

Jean est né en 1928, fils de Anna et Léon Bernard, rue Olivier de Serres à Lamastre. Sa mère était chapelière et son père sculpteur sur bois.
jean bernard desaignes

Pendant la guerre, il a entre 12 et 16 ans, il monte souvent chez la famille Combe au Chazal . Sa mère ayant de proches relations avec cette famille. Il profitait de ces escapades pour rapporter du ravitaillement, indispensable par ces temps difficiles, d’autant que son père était malade. Il a ensuite gardé de solides liens avec la famille Combe.

Il voulait être instituteur, il entre à l’école normale de Privas. Puis il ira plus loin, en classe prépa à Reims et à l’école normale supérieure de l’enseignement technique à Paris. C’est là qu’il rencontre son épouse Denise qui sera professeur de math, ils se marient en 1953. Il ne partira pas en conscription en Algérie car il était déjà chargé de famille. Devenu professeur à Vienne, en 1968 il passe l’agrégation en économie et gestion, enseigne au lycée La Martinière de la Duchère à Lyon pour les classes de BTS. Puis il devient inspecteur pédagogique régional dans l’académie de Grenoble. Il refusa la promotion d’inspecteur général car il lui aurait fallu « monter » à Paris.

Pour lui le rôle de l’enseignant n’était pas d’imposer un savoir, mais permettre aux élèves de construire leur propre savoir en développant l’esprit critique. De même pour sa conception du rôle des inspecteurs, pour lui celui-ci était d’abord d’aider les enseignants à toujours progresser. Il est resté curieux jusqu’à la fin de sa vie, il aimait apprendre des autres et apprendre aux autres.

Il s’était engagé, dans l’Église Réformée, le syndicalisme, la politique, et aussi en faveur de la société avec SOS amitié.

En 1967, il achète une propriété dans le hameau du Peysson avec du terrain sur lequel il construit sa maison, il crée un jardin, s’occupe des bois et se passionne pour l’apiculture. En 1990, lors de sa retraite, il s’installe dans « son paradis » et s’adonne à toutes ses passions. Ses collègues lui avaient offert un âne pour son départ… Il s’investit dans la vie associative de Désaignes, d’abord à l’ACD (Association Culturelle ) qu’il présidera pendant 20 ans puis à l’AVD (Amis du Vieux Désaignes) dont il sera également président , il crée de toute pièce le musée dans le Château et fournit un travail considérable sur l’histoire du village, c’est le résultat de ce travail qui est proposé aux nombreux visiteurs .

Il avait vécu l’honneur fait par la municipalité de son ami Marc Bard de voir, de son vivant, son nom apparaitre sur la porte de « son musée »; il avait dit à Marc, tu aurais pu attendre…

 

Musée Jean BERNARD.

 

Le 6 avril une cérémonie d’hommage autour de sa famille a permis à ses amis de se retrouver au Temple de Désaignes et ainsi conforter tous les proches en leur permettant de  se remémorer ce que Jean a apporté au cours de sa vie.

L’Association de Amis du Vieux Désaignes va poursuivre ce travail, et à travers cet  hommage nous le remercions d’avoir mis la lumière sur ce passé chargé de notre village: l’histoire de la vie rurale, de l’école, de la Réforme, les deux guerres, la Résistance et les Justes. Tout cela résonnera longtemps dans les audio-guides et la vidéo du Château de Désaignes, par sa voix posée claire et didactique.

Un Merci pour tout,  de la part de ses amis, de tous les amoureux de Désaignes et de son Histoire.

Jean a tout fait pour la transmission de cette mémoire.

 

Geneviève Champeley  et Raymond Bouit.

14 juillet en 3 modes

 

Cette année, et ce n’est pas coutume c’est de la cérémonie du  14  juillet à Désaignes dont  je vais vous parler.

Et  il y a bien sûr  une raison intéressante.

Cette cérémonie s’est déroulée exceptionnellement sous 3  modes.

Le mode tradition avec la cérémonie nationale  regroupant les corps constitués, le discours Républicain de Monsieur le Maire, les pompiers , le monument aux Morts,  la Marseillaise, et les habitants de Désaignes .

 

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-Le mode devoir de Mémoire avec la présentation par M Disandro fils du livre de son père, Christian dans la résistance.

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Le livre relate les faits d’armes du détachement FTP Sampaix basé longtemps à la Raze sur les hauteurs de Désaignes. M Disandro a rendu  un hommage appuyé aux habitants de Désaignes qui à l’époque avaient accueilli et soutenu les Maquisards , ce qui leur avaient permis de survivre et de se battre contre l’occupant .

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M Disandro fils m’a confié son discours  que je vous livre in extenso, tout y est dit, avec ferveur, avec admiration, avec les mots qu’il faut  pour un devoir de mémoire accompli.

 

Merci Mr le maire de me donner la parole pour présenter le livre écrit par Christian le maquisard.

Pourquoi en ce jour de 14 juillet une telle présentation ?

Parce que ce livre est en grande partie un hommage au village de Désaignes, pour ce qu’il fut durant l’occupation et parce qu’il a été écrit par CHRISTIAN le maquisard, fils adoptif de Désaignes.
En effet Christian est natif de Provence, mais en 1944  il vient mener une guerre de partisan en Ardèche, très souvent après-guerre il revient dans ce charmant village retrouver ses amis, au soir de sa vie il construit une petite maison à Sautereau et vit paisiblement ses vieux jours ici, et il choisit d’être inhumé dans le petit cimetière du village pour rester près de ses amis ardèchois.
Oui, Christian était fils adoptif de Désaignes.

Le titre de ce livre est « Maquisard à 20 ans en Haute Ardèche »,

Il raconte des faits de guerre, il décrit l’existence des trente maquisards du détachement Sampaix comme le ferait un reportage journalistique, oui c’est un livre qui raconte la guerre mais il raconte surtout de grandes histoires d’amitié.
D’abord l’amitié des maquisards entre eux, merveilleuse amitié qui perdurera jusqu’à leur dernier souffle, des histoires d’amour aussi, car il y eut des idylles avec les sœurs des copains, les camarades féminines de réseau, avec les jeunes paysannes des alentours des camps.
Mais aussi il raconte l’amitié  nouée avec l’Ardèche, pour l’abris de ses montagnes de ses vallées, de ses forêts, de son terroir, pour l’amitié avec la population ardéchoise, tant villageoise que rurale .
Mais surtout il évoque passionnément l’amitié fusionnelle qui s’est nouée entre ces jeunes combattants de l’ombre et la communauté désaignoise de 1944.

Christian dans son livre écrit :

«… traqués, pourchassés par les troupes allemandes nous sommes complétement sonnés. Il ne nous reste qu’une seule issue. Avec nos pauvres armes et nos rares munitions, aller au-devant des nazis et mourir.
Et puis, nous avons trouvé Désaignes. »

Il veut dire par là que Désaignes fut le refuge ultime. Ces combattants pourchassés sont alors passés de la désespérance à l’espoir.

Mais on pourrait dire « Christian est fils adoptif de Désaignes, il est impartial, il cultive le romantisme.
Et bien non ce qu’il écrit est vrai et corroboré par  de nombreuses sources.

D’abord les maquisards survivants en 1984 ont à leur propre initiative apposés une plaque en marbre sur le fronton de votre mairie qui déclare :

« Le 11 juin 1984 les survivants de la Résistance Française accueillis ici il y a 40 ans s’alliant en pensée à leurs camarades disparus rendent un hommage solennel de reconnaissance à la cité de DESAIGNES où ils ont trouvé un soutien unanime pendant l’occupation allemande  rendant possible leur combat victorieux contre l’ennemi. »

Ensuite d’autres figures de la Résistance ont tenu le même propos :
Le général de division François Binoche, compagnon de la libération a écrit :

« Tous et toutes dans ce village de Désaignes ont favorisé la Libération … Désaignes est un village noble, aux traditions remontant loin dans notre histoire.
En considérant cette commune … on se sent particulièrement fier d’être français. »

Le colonel Ducros a écrit dans son livre « Montagnes ardéchoise dans la guerre :

« De toute les localité connues dans notre vie de maquisard, Désaignes garde une place privilégiée dans nos cœur. »

Et pour finir un poète a composé ces quelques vers dédiés à Désaignes et plus précisément au café Bouchardon que les anciens ici ont connu dans un lointain passé. Il n’y a qu’en France où l’on glorifie un pays en parlant de son café.

« Il faisait froid dans ma vie
Quand Désaignes m’a accueilli,
le village vivait au ralenti
Dans sa torpeur, comme engourdi.
Poussons la porte et entrons
au café Bouchardon.
Ici on oublie tout !
Et des soucis j’en avais beaucoup. »

Ce poète maquisard, amoureux de Désaignes, c’est Mathéo, le généreux et indestructible Mathéo.
Il est là près de moi, fidèle à son devoir de mémoire .
Je vous demande l’applaudir car il est le dernier maquisard survivant, il les représente tous, il est la figure de cette Résistance qui nous a transmis en héritage la Liberté et la Dignité.

Le livre est disponible à la librairie « l’arbre à feuilles » à Lamastre.

-Le troisième mode a lui aussi attrait au souvenir et j’en ai été l’instigateur. Profitant de la sortie du livre de Disandro, et en accord  complet avec les acteurs municipaux et ceux du Musée de Désaignes  j’ai fait une démarche mémorielle ciblée.

A 60 ans et plus nous représentons, Disandro,  Bouit, Sahy, Ranc, Antherion, Grousson présents à Désaignes ce 14  juillet et tous les autres, « la génération d’après ». Génération d’après  les heures exaltantes de la Résistance. Ces moments nous ont été relatés par  nos parents et grands parents,  leurs récits ont peuplé nos imaginaires et ont façonné nos esprits. Mais qu’en sera  t- il après nous ? Nos enfants sont dispersés de part le monde pour leurs activités, les souvenirs s’estompent  car les vécus sont différents et  notre devoir de mémoire à  nous, génération d’après, et de préserver autant que possible ce qui  nous tient à cœur. Désaignes a son  musée avec une salle très documentée  dédiée à la Résistance en Ardèche et à Désaignes. Salle constituée par Jean Bernard. Le musée a pour projet de numériser les documents afin de les rendre plus accessibles.

Nous avons pris l’initiative en accord avec le Musée de lancer  une collecte de documents, de pièces matérielles  et de souvenirs qui, je le sais dorment depuis des décennies dans les tiroirs des familles des anciens maquisards FTP et AS de Désaignes et de Lamastre.

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Et c’est ainsi que pour « marquer le coup » et lancer officiellement cette collecte j’ai remis symboliquement au cours de la cérémonie,  après un discours explicitant la démarche, quelques pièces à Geneviève Champeley présidente de l’association du Musée. Et ce sont trois pièces symboliques issues de ma collecte personnelle qui  vont, entre autres, rejoindre le Musée : le brassard FFI de mon  père, l’autorisation de circuler en voiture de Nénette Canonge, sage femme et messagère du Maquis  et le Fanion du bataillon AS récupéré par Jeannot Sahy et confié  pas ses enfants en particulier Joël.

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Ces 3  pièces ne sont que le début d’une collecte qui  nous espérons s’avérera intéressante.

« Faites passer le message ».

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Raymond Bouit, 14 juillet 2018 Désaignes.

prise de contact:  raymond.bouit@wanadoo.fr  ,

 

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