« Mon père est né en Alsace en 1900 à Fegersheim et ma mère en 1912 à Bar le Duc.
A l’époque de la guerre nous habitions à Marseille (367 Avenue du Prado) et mon père était directeur de la société Weill et Cie (filature et tissage de jute). En 1942 un administrateur provisoire a remplacé mon père et c’est à cette époque que nous avons quitté Marseille pour Lamastre (Ardèche). Mon père connaissait déjà Emile Mandon qui était un de ses clients. C’est lui qui a proposé de nous héberger à Lamastre. »
Ce témoignage de la famille Klein est disponible sur
http://thierry-klein.speechi.net/2008/01/31/pourquoi-ce-sac-de-jute-dans-mon-bureau/
La nouvelle vient d’être officielle et nous sommes heureux de pouvoir l’annoncer : Mme et Mr Emile Mandon viennent de recevoir à titre posthume la Médaille des Justes parmi les Nations.
Cette médaille est la reconnaissance officielle attribuée après le recoupement de plusieurs témoignages attestant qu’une personne à contribué à sauver des juifs de l’Holocauste nazi, cette médaille est donnée par une fondation israélite dont le siège est en Israël et a des représentants en France .
Emile et Noémie (née Vergnon) font partie de ces français qui avaient su garder leurs convictions et leur honneur pendant les années noires de la guerre et de l’occupation. Emile avait ainsi fait partie des Lamastrois acteurs d’un acte gratuit et symbolique relaté dans nos colonnes ( http://www.lamastre.net/histoire/seignobos/Seignobos.htm ) , acte qui avait abouti à la sauvegarde du buste de Seignobos , symbole de » l’Esprit Républicain » qui animait alors une partie des lamastrois .
Pour la médaille de Justes c’est le couple Mandon qui , ayant contribué à la protection pendant des mois de la famille Klein , se voit récompensé .
Ces moments intenses de l’histoire lamastroise ont suscité des actes remarquables de la part de citoyens de l’ombre qui ne s’en étaient pas fait une gloriole; ce qui explique que les rares reconnaissances soient posthumes .
Cette discrétion et cette implication sont en partie conséquence du passé historique et religieux local profondément marqué par les guerres de religion qui ont forgé un esprit de Résistance raisonnée.
Il reste quelques témoignages écrits de cette période troublée de la guerre , mais la pudeur , la discrétion des acteurs de l’époque font que seuls quelques initiés s’en rappellent et peuvent l’attester .
Cette époque avait été évoquée dans des ouvrages d’histoire locale tel que la Mémoire du Savel de Paul Bouit , dont voici un extrait:
« Il est impossible de nommer, tant ils sont nombreux, tous ces paysans qui risquent ainsi leur vie et leurs biens.
Je ne peux cependant m’empêcher de citer, parmi les plus proches de Lamastre, AGIER de Reilhes, RUEL de Josserand et les SAIGNOL de la Pra chez qui «on» sait pouvoir, de jour ou de nuit, déposer un blessé ou un fugitif.
Egalement Rosa RANC, de Chamaud, femme de prisonnier de guerre et ses beaux-parents Remy et Marie. Là, on accueille d’abord les réfractaires, les clandestins «si ça pouvait avancer la fin de la guerre d’un jour». Et puis c’est André TROCME, le pasteur du CHAMBON, pourchassé par la Gestapo pour avoir organisé le sauvetage des juifs qui, à son tour, viendra s’y réfugier. Il y trouvera des enfants, des orphelins:
Henri SPENDORF, 10 ans, confié un jour au pasteur MINSEN de Lamastre par son père traqué.
Esther CHARRACK (Jacqueline), 12 ou 13 ans, orpheline de père et de mère, confiée par la diaconesse de Lapras avec pour tout bagage son cartable d’écolière et pour toute fortune une tablette de chocolat qu’elle conserve pour son père qui a faim et qu’elle ne reverra pas.
La petite MURIEL (TROIS ANS), nièce de Gérald, mon bon camarade des temps difficiles.( c’est elle qui a initié le dossier de Rosa Ranc pour la Médaille des Justes )
Voilà ceux que les super nationalistes, les racistes d’alors et autres bons apôtres de Vichy ont désigné comme responsables des malheurs de l’époque et auxquels, comme les nazis, et avec eux, ils font la guerre.
Le 29 novembre 1943, les allemands viennent arrêter Yvonne Wertheimer, une réfugiée juive qui habite, rue des Jardins.
Ses deux enfants sont à l’école, ou les instituteurs, avertis, les ont fait disparaitre. Heureusement, car les Feldgendarmen arrivent dans la classe de Berthe MAZABRARD, questionnent les élèves qui ont caché les cartables et disent ne pas avoir vu leur camarade ce jour là.
Les gendarmes allemands partent, s’en vont, puis reviennent chercher l’institutrice, l’interrogent longuement, puis la relâchent, passant ainsi à côte d’un gros poisson.
A l’ école de garçons, ces messieurs fouillent un bureau d’ écolier que l’on vient de vider des livres et des cahiers qu’il contenait. Ils y trouvent une pomme.«A qui la pomme?». L’instituteur Roger LEYRAL désigne le petit voisin, Joël SINZ. Ce détail nous donne l’âge de «l’individu» recherché par les flics allemands: MOINS DE HUIT ANS! La grande sœur avait peut-être DIX ANS!
Les enfants ont pu se réfugier chez Aristide CHALAMET. Guy DURRENMATT et Paul MASSE à peine élargis du camp d’internement les chargent sur le cadre de leurs vélos et les conduisent…chez SAIGNOL! Edmée CHALAMET et la salutiste Marguerite CAREY qui ont suivi sur leurs vélos sans cadre, les conduisent alors au Cros de Mazoyer, chez Roger DUMAS, lui-même réfractaire au S.T.O..
Une véritable mobilisation spontanée pour sauver deux enfants. »
Il y a aussi le témoignage pour Rosa Ranc, titulaire de la médaille des Justes suite au témoignage de Muriel, fait par les élèves du collège du Vivarais dans le cadre du Concours de la Résistance, concours soutenu au collège par Michel Aguettaz . http://www.saint-apollinaire-de-rias.fr/rubrique.php3?id_rubrique=116
Aujourd’hui c’est donc officiel la médaille des Justes parmi les Nations sera remise aux descendants de Noémie et Emile Mandon , famille encore très présente dans le paysage réel et numérique lamastrois.
C’est la fondation Yad Vashem.., en présence de la famille Klein et Maous, qui sera « maitre de Cérémonie » pour ce devoir de mémoire. http://www.yadvashem-france.org/ ( dossier #11704) http://www.yadvashem.org/
Félicitations « posthumes » à Noémie et Emile; et bonne réception de cette reconnaissance à leurs enfants Jeanine , Marinette ,Pierre et tous les petits enfants .
Raymond Bouit Mars 2010
Félicitations respectueuses pour l’action, bien sûr, mais aussi pour la discrétion.
Bonjour,
Un petit mot pour vous dire que j’ai fait un lien sur votre site dans
« Persécutions et résistances, un lien vers Lamastre.Net », http://www.saint-apollinaire-de-rias.fr/rubrique.php3?id_rubrique=12#a-1481
ainsi que sur le blog de M.Klein, http://thierry-klein.speechi.net/2008/01/31/pourquoi-ce-sac-de-jute-dans-mon-bureau/
Si cela vous intéresse, la présentation du livre de Sylvette Béraud-Williams :
« Entre silence et oubli, mémoire d’un quotidien rural bouleversé », la présentation à lire d’un document très émouvant
http://www.saint-apollinaire-de-rias.fr/rubrique.php3?id_rubrique=12#a-1370 dans un article,
ou directement téléchargeable sous Calaméo : http://fr.calameo.com/read/00010222389c3f7fedc2d
Eventuellement, la brochure Arts Plastiques du Conseil Général de l’Ardèche avec une belle double page sur Les Rias.
La brochure http://mediatheque.ardeche.fr/Culture/Les%20arts%20plastiques/brochure%20arts%20plastiques.pdf
ou sur le site, http://www.saint-apollinaire-de-rias.fr/rubrique.php3?id_rubrique=118#a-1464
Cordialement
Jacqueline Cimaz site St appollinaire de Rias